Le silence et les mots en analyse

Un morceau de séance

Aussi bizarre que cela puisse paraître très peu de psychanalystes se sont exprimés sur le silence durant la cure analytique.
Que ce soit celui de l’analyste ou celui de l’analysé, comment est-il perçu, dans l’analyse du transfert, sa durée, son effet, son impact, et son implication dans le processus du traitement ? Autant de paramètres qui restent encore imprécis et aléatoires.
Pourquoi un aussi lent silence, et qui n’agit pas toujours comme un révélateur, souvent insupportable pour beaucoup d’analysés ? (Ils me l’ont dit et ont préféré fuir le divan !)
Le silence doit être humain qu’ils disent ! (Les analystes humanistes ?)
C’est une scansion entre deux paroles (Lacan). Il nous pousse à révéler nos blocages et autres projections, à extérioriser l’indicible.
Silence de mort, de haine, d’amour, de mépris, de refus, de colère, de douleur, de paix, de renoncement, d’envie d’envoyer tout paître et même ce « tortureur » d’analyste-inquisiteur.
Mais également silence béni, ô combien révélateur de notre bouillonnement intérieur et qui a toujours un sens.
Durant une séance et loin des thérapies à l’eau de rose, je me murais dans un mutisme, ruminant, très « remonté ».
Et de crier à mon analyste « j’en ai marre de ce silence à la con » (le con c’était moi !)
Et s’entendre répondre d’une voix douce et ponctuée « oui, et à qui pensez-vous en ce moment ? »
Quoi ? Je pense à qui, quoi…. (énervé)
Puis… soudain mais c’est à ce crétin de redac’chef qui est nul, de notoriété publique, et qui m’a encore sucré hier une dépêche, pas à son goût ce guignol sans talent qui me poursuit de sa nullité crasse ! Ha si j’avais pu l’attraper par sa cravate informe et lui dire ses quatre vérités!
Je compris que j’avais déplacé la haine de ce médiocre sur mon analyste !
En même temps l’espace analytique m’avait permis de me « défouler » (terme si galvaudé aujourd’hui !)
Un borborygme que je ressentis comme bienveillant s’échappa du fauteuil.
Heu… c’est à cause de ce minable de chef de desk bafouillai-je
Prise de conscience avec les tripes.
Mon analyste mit fin à la séance, me raccompagna à la porte avec un sourire entendu, à jeudi !
Tous les silences sont signifiants, car nous ne pouvons pas cesser de penser.
Loin des théories fumeuses, absconses, hermétiques, intellectuelles, et qui causent souvent à côté, l’analyse se vit avec son corps, ses affects et son âme !

Amitiés

Sigmund

Il faudrait savoir Sigmund! Sur un autre message tu as reproché à JD NAsio d'avoir écrit un bouquin sur le silence ( que j'espère avoir l'occasion de lire d'ailleurs) et ici tu as l'air de reprocher aux psychanalystes de justement, ne pas s'exprimer assez sur le silence !

Je fais partie des personnes qui ne supportent pas le silence prolongé de l'analyste, alors même que je suis assez silencieuse dans la vie courante.
Il y a d'ailleurs un analyste qui ne m'a vu qu'une seule fois, tout simplment parce qu'il ne m'a rien dit de toute la séance. Juste à la fin "il y a beaucoup de choses, je vous verrais la semaine prochaine" Je lui ai répondu que non, justement parce qu'il n'avait rien dit. Il s'était placé dans l'ombre, en silence. Je parlais au mur.

En fait j'ai juste besoin d'être sûre que l'analyste écoute( ou plutôt lit dans mon cas présent) ce que je dis.

Je suppose qu'il en est des silences comme des mots, une infinie variété, et qu'ils n'ont de sens que dans chaque échange entre analyste et analysant.

C'était ton silence qui était important dans cette séance?, ou simplement le fait qu'il sagissait d'un silence ruminant, celui qui fait exploser ensuite?

Gouachita

Bonsoir Gouachita

J'ai dis que Nasio avait écrit sur le silence en analyse en reprenant les textes que tous les autres analystes avaient tenté de comprendre...

"Le silence en psychanalyse" JD NASIO
Petite Bibiotheque Payot Editeur (10 euros)

Lui n'a pas fait beaucoup avancer les choses, voila!

Ce n'est pas mon silence qui m'a permis de faire une prise de conscience mais celui de mon analyste 'didacticien" en déplaçant sur lui cette colére "refoulée" et en la faisant remonter à ma conscience;
Mais mon transfert etait positif!

Amitié


Sigmund

c'est curieux mais je n'y vois pas que le silence de ton analyste qui a permis le déplacement et surtout l'expression de cette colère mais sa petite phrase, sa réponse à ta première invective « j’en ai marre de ce silence à la con », cette phrase qui te demande à qui tu pensait.

Je uis d'accord avec la phrase de Lacan comme quoi le silence est une scansion entre deux paroles.

Le silence n'a de sens quentre deux paroles, comme la suite, ou la ponctuation d'une phrase et le déclencheur d'une autre phrase.

T'es t'il arrivé de vivre en séance des silence bienfaisants? comme des instants de repos?

Gouachita

Ah ben tiens , j'en ai oublié le petit sourire

Voilà c'est réparé
Gouachita

Oui il m'est arrivé de vivre d'inoubliables silences sur le divan et paradoxalement c'est quand j'étais "dans les choux"
Là, c'était avec ma derniere analyste, une femme remarquable (la seule qui ait vraiment compris mes moments de détresse). Quelque chose de l'ineffable, un sentiment de "fusionnel" très fort, même si elle ne disait rien..
Je ressortais "regonflé", "régénéré". Elle m'avait réuni, recollé, reconstruit.
Je ne l'oublierai jamais.
Il existe de grands analystes dont l'écoute est exceptionnelle. J'en atteste.

Amitiés

Sigmund

Dis Sigmund, tu en as vu combien d'analyste? Je pensais que c'était Lacan ton dernier analyste.

Si c'est pas indiscret, pourquoi ces changements, ou il y a t'il eu des moments sans analystes avec reprise ensuite pour régler d'autres problèmes?

J'ai plusieurs fois changé de psy, mais c'était toujours parce que l'analyste ne me convenais pas ou plus. Mais je n'ai pas l'impression que pour toi c'ai été la même chose.

Gouachita

3!
Le premier à l'institut à Paris (psychanalyse thérapeutique et didactique ensuite
Une "escapade chez LACAN ; ( Ah Lacan..)
Retour à la SPP et analyse aves une analyste magnifique (transfert de la mére)
Je reste quand même très Freudien!

Amitiés

Sigmund

Et ta magnifique analyste ,une tueuse,bien-sûr!!!??????????

Mon, psychanalyste est aussi freudien, je crois même que Lacan lui donne un peu des boutonts
Je le trouve magnifique aussi ( ça doit pas être un transfert de la mère!)

Je profite pour te poser une autre question, Sigmund. Qu'est ce qui diffère d'une analyse thérapeutique à une analyse didactique? Je croyais que l'analyse didactique était pour les futurs analystes. Mais ce n'est pas ton cas ou alors tu as renoncé

Gouachita

Aprés avoir "recollé les morceaux" (analyse thérapeutique) et passionné de la psychanalyse j'ai continué sur une analyse à visée plus ambitieuse, à savoir devenir analyste de l'Institut (cursus très long et très cher!).
Une fois integrés et compris les processus de la cure, mais pas du tout satisfait des resultats pour le plus grand nombre, j'ai preferé rester dans ce monde de la presse pour pouvoir un jour temoigner avec impartialité.
C'est ce que je fais aujourd'hui bien modestement.
Nous aurons l'occasion d'en reparler

Amities

Sigmund

Merci de ta réponse Sigmund

Je continuerais mon enquête inquisitoriale ce week end

Bonne continuation de semaine et à bientôt


amicalement
Gouachita

Bonjour
le silence, wouaaaaaaaaaaaaa, j'ai plutôt l'impression que c'était mon psy qui ne pouvait plus le tolérer ou du moins difficilement, mais je fini par me dire n'est ce pas parce que j'avais moi-même du mal a le gérer !?

La gène s'installe et on veut combler le silence, (le vide) par quelque chose et n'importe quoi.
Pas simple de dire pour ne rien dire, juste pour combler ce silence.

Et pourquoi cette gêne justement du silence?

Je ne sais pas soleille , tu as peut-être une petite idée

Et si c'était parce que, quand il n'y a plus de mots, il y a le regard, et que le regard laisse échapper des émotions ??

Des émotions qui peuvent gênées, un mal-aise.

Re…
Le silence est plus parlant en effet …encore faut-il que ce silence, selon qui le fait sentir, par rapport à celui qui le reçois… qui plus est si ce silence est accompagné du regard…
Le silence est très révélateur pour l’analysé, et pour preuve dans le cas de Sigmund (l’analyste) qui à mon avis avait un niveau de compréhension, plutôt exceptionnel, qui là laissé se révélé à lui même …d’autre n’obtiendrais pas forcément le même résultat !!

Me concernant le silence est devenu mon époux …15ans en arrière il m’aurais fait peur !!

J’ai pue constaté qu ,à mon niveau actuel ,que quant je fait silence avec tel ou tel personnes ,c’est là ou je parle le mieux ,j’irais même plus loin ,ce silence fait parlé celui qui est en face…ou se révélé à lui/elle même !!
Et peux effectivement mètre mal allaise.. Pour d’autre, selon leur cheminement…

chuttttttttttttt
+
Marielaine

C'est tout l'art de la communication:utiliser le silence comme une ponctuation.Ce peut être un ! , un ?, un ... etc "...."

Pitchoune:le regard,c'est en face à face.Je suis passée au divan la séance après laquelle j'ai dit à mon psy que j'avais rêvé que j'étais allongée sur son divan. "J'allais justement vous le proposer" qu'il m'a dit!Disons que j'ai bien arrangé son affaire!Freud disait que le face à face le fatiguait.Soutenir les regards toute la journée doit finir par lasser!

Amicalement toutes,

kakou
Je ne suis jamais passé par le divan, mais c'est peut-être mieux en effet. Mon psy me l'a jamais proposé, et je ne sais donc pas s'il y a une différence.
Mais je pense que sur le divan on doit laisser aller plus facilement, on est plus détendu, de par la posture.

En face à face c'est pas toujours évident, assis, plus crispé, et justement quand il y a des silences.

A+

Hello !

Oui;en fin d'analyse,j'étais à la limite de m'assoupir sur le divan.Curieuse impression car je n'ai pas l'assoupissement facile en journée et le regrette bien d'ailleurs car cela regénère,paraît-il.

@+

Bonjour Soleille
Oui je te confirme que c’est régénèrent, cela s’appelle le micro –sommeille, qui dure entre 7et 10minutes …
Je fais en sorte de le faire chaque jour dans la mesure du possible, que ce soi assise, ou allongée…
C’est la meilleur des siestes !!
@+

Hello @ !

Ben,tu as de la chance car pour ma part je suis montée sur des ressorts et j'ai du mal à me poser!

7 à 10 mn de sieste? j'aimerais bien arriver à faire ça. Le problème n'est pas de m'endormir. mais de me réveiller au bout de 10 mn!!

1h30 minimum!!

J'ai essayé à une époque d'appliquer le principe du calme. c'est à dire durant 20mn, de ne faire que compter ma respiration. C'est vrai que c'est très régénérant. Mais je manque de constance pour faire un exercice de ce type de façon régulière.

Je reviens sur une partie du sujet du fil. Le silence ( ou des silences?) et des mots...

Au début de ma thérapie, il y a des mots que je ne supportaient pas. enfin, surtout deux : Le mot "travail" et le mot "transfert"

Pour info, certaines le savent déjà, ma thérapie se déroule via internet et au départ par écrit différé ( mails).
Dans une de ses réponses mon psy avait été plutôt neutre_bienveillant et la dernière phrase il avait osé ( le bougre!) utiliser le mot "travail". ça m'avait mis hors de moi ! je lui ai pratiquement interdit d'utiliser ce mot dans nos échanges, lui affirmant qu'il était hors de question de pratiquer la torture entre nous.
ça ne l'a bien sûr pas empêché de réutiliser le mot de temps en temps. Finalement, au fur et à mesure, j'ai cessé d'accorder une signification si lourde au mot et je l'utilise moi même assez régulièrement.

Pour le mot "transfert" c'est pas encore tout à fait ça

Gouachita

On parle de travail pour l'accouchement...

La mère de Socrate était accoucheuse,Socrate,accoucheur d'esprits...

Bisessssssssssss

Soleille

Le mot travail est très souvent rappoché à l'accouchement, mais il peut être rapproché à beaucoup de choses.

En ce qui me concerne la principale relation que l'en faisait était la notion de torture ( de par son etymologie).

Dans une thérapie, il y a parfois une torture mentale, ou tout au moins une perception de torture mentale. Tiens, un autre mot terrible : "Courage"

Je donnais ces exemples uniquement à titre d'exemple. D'autres mots en thérapie ont au contraire un effet doux, apaisants comme "lumière", "espérance", " musique", "chansons", "échange", "promenade", "cheminement". Tout au moins pour la personne en thérapie.

En fait, selon les mots qu'il utilise, et que j'utilise , et les silences, mon thérapeute m'apparait ami ou ennemi.

C'est un peu banal ce que je viens d'écrire

Gouachita

Rire… y’a des ressorts qui nous emmènent jusqu’au ciel, il est vrai que c’est demain dimanche le jour du seigneur…j’en profiterai pour lancé mon sujet de : D et D !!On ne sait jamais.
De la chance dit-tu c’est souvent quant je regarde les informations que je fais ma sieste…

Gouachita bienvenue au club pour le transfert…, pendant 16ans j’ai bannie ce mot pour l’avoir vécue toutes ses années (avec les politiques…) mais c’est bientôt l’accouchement …j’ai perdue les eaux, mais un sa trompe énormément longtemps !!tu assisteras

Gouachita pour te connecter sur le chat après que tu es taper ton pseudo, et mot de passe, n’oublie pas de cliqué sur ‘’discuter’’ sinon marche pas …ok !!J’y serais vers 18h si tu veux fait un essai. idem pour Pitch…
Pour la sieste Gouachita, si tu fumais un peu moins, hein…

@+